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Les startups, un accélérateur pour la transformation digitale

Victor Arfi,

Il est loin le temps où les grands groupes voyaient les startups comme un phénomène de mode qui disparaîtrait du marché une fois que les consommateurs se seraient lassés. Face aux innovations de rupture ayant conduit à la disruption de nombreux secteurs et la disparition des barrières à l’entrée traditionnelles, les grands groupes ont dû se rendre à l’évidence : les startups vont d’une manière ou d’une autre faire évoluer le marché qui était le leur jusqu’à présent. Ainsi, une fois ce constat établi, deux possibilités s’offraient aux grands groupes : voir les startups comme une menace, ou bien une opportunité. Si longtemps la première option sembla en vigueur, les collaborations sont aujourd’hui de plus en plus nombreuses, avec un effet d’apprentissage bénéfique pour les 2 entités.

Les startups jouent aujourd’hui un rôle prépondérant dans la mise en mouvement et l’innovation de groupes qui sont confrontés à une transformation digitale d’une ampleur rappelant la révolution industrielle, et à un bouleversement profond des habitudes consommateurs aussi bien que des attentes des nouveaux salariés. Face à ces évolutions majeures, de nombreux grands groupes ont décidé de se tourner vers ces nouveaux acteurs, toujours plus variés, pour y trouver des relais de transformation rapide.

Historiquement, les grands groupes sont des structures d’une taille considérable, avec des processus ancrés, un éclatement géographique des équipes, une prise de décision soumise à des multiples validations ou bien encore un fonctionnement en silo qui vient en opposition totale aux modes de fonctionnement de startups dont l’agilité n’a d’égale que la rapidité d’évolutions. Ainsi collaborer avec une petite organisation innovante va permettre à l’entreprise traditionnelle de réaliser des gains d’agilité, de découvrir des modes de fonctionnement différents, d’implémenter de nouveaux usages et de réaliser une veille concurrentielle, sans compter les impacts sur l’image de marque que cela peut engendrer. 

Au vu des bénéfices pour l’organisation, les rapports avec les startups ont petit à petit commencé à être érigés en sujet prioritaire et à être codifiés : développement de la notion d’open Innovation, multiplication des initiatives de rapprochement avec des acteurs extérieurs, rachat de startups, formations du top management, développement d’outils pour mesurer l’innovation, mise en place de modules d’intrapreneuriat… Les grands groupes ont pris conscience que leur pérennité passait par la capacité à faire évoluer leur activité originelle et trouver de nouveaux relais de croissance, à travers le rapprochement avec des acteurs innovants qui sauront remettre en cause des acquis difficiles à faire évoluer uniquement en interne. 

Les startups ont également dû évoluer dans la conception répandue du développement de liens avec des structures traditionnelles. Parfois mal vues, jugées trop dépendantes et asymétriques, les synergies avec les grands groupes peuvent, en plus d’être une ressource financière potentielle importante, être tout aussi bénéfiques pour la startup dans le cadre de sa croissance et de sa structuration. En plus de la partie financière non négligeable, les opportunités de changement d’échelle en accédant à un marché globalisé et mondialisé sont facilitées par la collaboration avec des grands groupes. Ainsi, ces partenariats stratégiques répondent à une logique financière, mais peuvent et doivent aller beaucoup plus loin : gains d’expérience, développement du réseau et de la notoriété, rencontre avec de nouveaux investisseurs, nouveaux canaux de distribution et implantations géographiques…

Les bienfaits potentiels pour la startup sont extrêmement larges et ne tiennent qu’à la volonté des parties d’instaurer une relation de confiance sur le long terme qui sera“gagnant-gagnant”. La relation grand groupes-startups est souvent vu à travers le prisme financier pour cette dernière alors que le grand groupe regorge d’expérience, de contacts et de savoir-faire qui peuvent permettre à une petite structure en phase de croissance de réduire les erreurs et de grandir avec plus de stabilité.

Si les collaborations entre les startups et les grands groupes se développent et tendent à se démocratiser, de nombreux écueils restent toutefois à contourner afin de rendre ces partenariats les plus prolifiques possible et de s’assurer de leur pérennité. 

Différence de taille, différence de priorité, rapports au temps différent, différence d’enjeux financiers, par nature les écarts entre ces structures sont très vastes et peuvent venir nuire à la réussite des associations. Délais de paiement à rallonge, taille des contrats, lourdeurs juridiques et organisationnelles, longueur des discussions et des prises de décisions, les contraintes qui accompagnent tout le cycle de vie de la relation startups/grands groupes restent nombreuses et doivent encore évoluer de façon à ne plus représenter un frein à ces synergies.

Les startups sont amenées à jouer un rôle toujours plus important dans les stratégies d’innovation et d’évolution des grandes entreprises, et le renforcement de ces liens passera par la nécessité des deux parties de s’adapter pour parvenir à maximiser les bénéfices de cette collaboration. Ainsi l’humain reste avant tout le socle de l’installation dans la durée de ces relations, et c’est à travers l’instauration de la notion de confiance entre des individus que des entités, aussi distinctes soient-elles, pourront construire sur le long terme.